Campus de l’Agroécologie et des Transitions agri-alimentaires

Le Campus de l’Agroécologie et des Transitions (CAT) s’organise depuis 2022 pour accompagner l’ensemble des acteurs des systèmes agri-alimentaires dans leur transformation vers plus de durabilité. Ce campus est centré sur le site d’Auzeville-Tolosane et de ses organisations fondatrices : ENSAT, ENSFEA, EPLEFPA Toulouse, GIP LIA, INRAE. Il est soutenu par le Groupement d’Intérêt Scientifique Toulouse Agri Campus et s’ouvre à tous les partenaires qui s’investissent dans l’accompagnement à la transition agroécologique. Cet accompagnement repose sur la création d’une synergie entre conseil, recherche et formation.

Le Campus de l’Agroécologie et des Transitions (CAT) c’est à la fois un projet :

  • De graduate school inter-sciences articulant recherche interdisciplinaire et formation,
  • De démonstrateur pour co-expérimenter en particulier dans le champ de l’action collective, 
  • D’aménagement du site d’Auzeville en un lieu durable d’habitabilité ouvert à tous, favorisant les échanges entre résidents et la mise en place de pratiques durables. 

Partenariats_CAT

Le CAT promeut l’innovation socio-technique, les approches systémiques pour l’action stratégique, la formation professionnelle et scolaire favorisant les processus de coopération et l’intermédiation entre acteurs des systèmes agri-alimentaires.
L’objectif du CAT est de former, d’accompagner et d’outiller les acteurs de la transition agroécologique vers une agriculture et des systèmes alimentaires plus durables. Ces transitions engagent des innovations techniques mais également des innovations sociales favorisant les changements de comportements, de pratiques et de normes sociales. Le campus a pour objectif de produire les connaissances utiles à ces changements en considérant que le changement (encadré 1) et son accompagnement (encadré 2) ne vont pas de soi et nécessitent d’être des objets d’investigation partagés. La synergie créée sur le campus entre métiers, disciplines, thématiques et chemins d’impacts permettra de créer et de façonner ces connaissances avec les acteurs du changement : décideurs publics, entrepreneurs privés, membres des corps intermédiaires (associations, syndicats, journalistes…), citoyens et consommateurs. Cette synergie se construit en mettant l’accent sur les processus de :

  • Changement : développer les approches systémiques pour engager des transformations profondes et lever les verrous aux différents niveaux d’organisation, articuler politiques publiques, actions collectives locales et projets individuels, développer les dispositifs, méthodes et outils pour agir dans l’incertain et la complexité… 
  • Expérimentation : organiser les itérations entre action et réflexion pour produire des connaissances actionnables, entre pratique et théorie pour monter en généricité, capitaliser sur les travaux du GIP LIA en Occitanie, organiser les termes de passage, entre le laboratoire, les domaines expérimentaux (encadré 2), l’expérimentation dans le monde réel (réseaux d’agriculteurs, Living-Labs…), et la formation initiale ou continue.
  • Trandisciplinarité : développer et formaliser des démarches d’investigations collaboratives associant l’ensemble des acteurs de la transition (du citoyen-consommateur jusqu’au chercheur) et d’intermédiation mobilisant l’enquête, l’expérimentation, la prospective, la modélisation, les jeux sérieux… pour développer un management des transitions basé sur la démarche scientifique. Former des intermédiaires des transitions partageant un socle de disciplines en sciences de la nature, de l’ingénieur et sciences humaines et sociales, et dotés d’une culture épistémologique leur permettant d’articuler et de gérer une diversité de postures et de méthodes dans la conduite de projets transdisciplinaires.

Encadré 1 : La transition agroécologique, une nécessité de changement dans un monde complexe et incertain.
Notre agriculture est en crise. L’agroécologie propose quelques grands principes pour développer une agriculture durable en restaurant le fonctionnement naturel de l'agroécosystème (valoriser la biodiversité, boucler les cycles des nutriments et de l'eau...). Leur mise en œuvre nécessite leur adaptation au contexte local pour tirer parti du contexte écologique, économique et social et faire sens pour les agriculteurs. La transformation des pratiques qui en découle est aussi celle des raisonnements des acteurs du changement et de ceux qui les accompagnent (depuis les conseillers jusqu’aux chercheurs). Chacun sait qu’il ne peut plus reconduire ses pratiques sans pour autant être au clair sur comment faire autrement. De plus avec ces changements se joue également une redéfinition des normes professionnelles, qui déterminent, par exemple, les critères de jugement d’un travail bien fait. Accompagner ces changements nécessite donc de repenser les dispositifs, les méthodes, les outils du conseil et de la formation. La gestion de projet basée sur la planification et l’évaluation de l’écart entre le prédit et le réalisé ne permettra pas de faire advenir la vision d’un futur souhaitable : nous n’avons ni la capacité de tout prédire, ni celle de tout contrôler car l’incertitude et la complexité du monde nous en empêchent. 

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La transition doit être prise pour ce qu’elle est : une volonté d’agir pour s’extraire d’une situation devenue intenable. L’enjeu pour la recherche, l’enseignement et le conseil devient alors de doter les acteurs des connaissances, des outils et des méthodes pour analyser, comprendre, décider, agir et apprendre en situation des actions qu’ils entreprennent. La transition n’est alors plus le problème du passage d’un point A à un point B mais celui de comment construire pas à pas ce point B en questionnant les améliorations obtenues et en revisitant chaque fois que nécessaire la fin et les moyens des transformations engagées. Ainsi conçue, la transition agroécologique, mue par une intentionnalité de changement à la fois individuelle et collective, est envisagée comme un processus évolutif. La transition résulte de la production de diversité, de la sélection par l’environnement d’une partie de cette diversité conduisant à sa survie et son développement qui en retour modifie l’environnement biophysique et socio-technique induisant une co-évolution adaptative. 
La transition agroécologique apparaît donc comme un processus normatif (on sait ce qu’on ne veut plus) mais indéterminé (l’objectif n’est pas donné). Elle apparaît également très contextuelle, dépendant des projets individuels, des potentialités écologiques, économiques et sociales locales. Elle est donc plurielle ce que reconnait le Campus of Agroecological Transition.

Encadré 2 : Ce qu’accompagner veut dire
La transition agroécologique a une dimension normative : il s’agit de changer nos façons de produire et de consommer pour des pratiques plus durables. Cela implique une prise de conscience, un apprentissage profond qui permet de revisiter nos pratiques et les valeurs sur lesquelles elles reposent, et une redéfinition des normes sociales : de l’acceptation par le consommateur qu’une pomme change d’esthétique lorsque les produits phytosanitaires ne sont plus utilisés jusqu’à la redéfinition du travail bien fait pour un agriculteur.
Accompagner c’est d’abord comprendre que tels changement ne se décrètent pas, que la prescription n’est très efficace pour transformer les mentalités. Accompagner c’est considérer l’individu comme le sujet-acteur de son propre changement. Le considérer comme sujet, c’est reconnaître sa singularité : singularité de sa personnalité, singularité de sa situation, en particulier professionnelle. Cette dimension est d’autant plus importante que le milieu agricole compte parmi les milieux professionnels ayant les taux de suicide les plus élevés. Un premier enjeu de cet accompagnement est donc d’amener la personne accompagnée à prendre conscience et analyser sa singularité. Dès lors elle doit s’autonomiser et devenir acteur de son propre parcours. Accompagner consiste à créer les conditions d’une réflexivité et d’un apprentissage dans l’action. Cette réflexivité gagne à être collective, elle nécessite alors une socialisation avec un groupe de pairs dans lequel l’individu qui se transforme puisera des idées, trouvera du réconfort, des ressources, des critiques et de la reconnaissance. Il pourra comprendre sa propre singularité au regard de celle des autres. Il participera également au développement de nouvelles normes dont se dote tout collectif en transition. Tout le travail de l’accompagnant est d’amener à la réflexivité sur les pratiques et d’articuler projets individuels et action collective.

Enquête sur les compétences nécessaires à la transition agroécologique

Contact : Laurent HAZARD