Les processus psychosociaux et subjectifs enjeux dans la dynamique d'engagement vers de nouvelles pratiques professionnelles : le cas d'éleveur et de la transition agroécologique

Camille BERRIER

Ecole doctorale

CLESCO

Financement

Aucun

Date de début

Octobre 2019

Encadrants

  • Sandrine CROITY-BELZ (LPD-DT Jean Jaures)
  • Nathalie GIRARD (UMR AGIR INRAE)
  • Isabelle FAURIE (LPS-DT Jean Jaurès)ccc

Résumé

Dans un contexte d’écologisation, les exploitations d’élevage sont particulièrement visées par les attentes sociétales en matière de développement durable. Dans ce contexte en mutation, comment les éleveurs élaborent-ils leur projet d’engagement vers des pratiques plus écologiques ?
Cette thèse, ancrée en psychologie sociale du travail et des organisations, vise à rendre compte des dynamiques d’engagement vers de nouvelles pratiques professionnelles. En référence au modèle théorique d’une socialisation plurielle et active (Malrieu, 1989 ; Baubion-Broye et Hajjar, 1998) ainsi qu’aux apports des cliniques du travail (Barus-Michel, 1980 ; Lhuilier, 2006), il s’agit précisément d’examiner le rôle des processus psychosociaux et d'élaboration subjective dans les dynamiques d'engagement des éleveurs vers l'agroécologie. Contrairement aux approches privilégiant les facteurs explicatifs de types rationnels (Richefort et Fusillier, 2010) ou sociocognitifs (Bandura, 2019), nous nous tournons vers des modèles qui prennent en considération les dimensions individuelles et sociales des transitions professionnelles (Dupuy et Blanc, 2001 ; Masdonatiet Zittoun, 2012 ; Olry-Louis et al. 2017) et du réel de l’activité professionnelle (Clot et Lhuilier, 2015 ; Giust-Desprairie, 2018).
Au niveau empirique, nous nous intéressons à des éleveurs de ruminants en Occitanie, mettant plus ou moins en œuvre des pratiques d’élevage durables. Dans le cadre d’une démarche compréhensive et qualitative, nous avons conduit 15 entretiens semi-directifs (21 éleveurs), en deux temps, pour identifier et caractériser les processus à l’œuvre dans les intentions et modalités d’engagement dans de nouvelles pratiques d’élevage. Ces entretiens ayant eu lieu « in situ », ce qui a permis de compléter ces entretiens par des observations participantes (Lapassade, 2002) c’est à dire en immersion dans la vie sociale des éleveurs en participant à certaines de leurs activités professionnelles et/ou personnelle (repas, discussion avec des voisins, etc.). Dans un second temps, nous avons organisé un « focus group » avec 9 éleveurs visant à les faire échanger collectivement sur les initiatives et/ou projets d’évolution de leurs pratiques professionnelles. La triangulation de ces données devrait nous permettre de faire une analyse longitudinale de la dynamique d’engagement.
Les premiers résultats issus de l’analyse des entretiens semi-directifs permettent d’identifier des facteurs contextuels (rapport au territoire, aux politiques publiques, aux institutions, etc.), personnels (rapport à l’histoire familiale, au parcours professionnel,) et interpersonnels (rapport à l’histoire du métier, aux pairs,) à l’œuvre dans les dynamiques d’engagement. Nous avons également commencé à repérer que ces éléments s’articulent pour faire sens dans les processus d’engagement ou de non engagement des éleveurs dans des changements de pratiques, notamment vis-à-vis des pratiques dites agroécologiques.D’un point de vue opérationnel, nous espérons que ce travail contribuera à une meilleure compréhension de l’importance des dimensions humaines du travail et permettra leur prise en compte dans le développement d’accompagnements des situations de travail des éleveurs et plus largement des agriculteurs.

Contact

camille.berrier (at) inrae.fr