Capitaliser sur les connaissances issues de l'expérience pour soutenir l'accompagnement à la transition agro-écologique

Nicolas GIRAUD

Ecole doctorale

SEVAB

Financement

Bourse CIFRE - CASDAR / Chambre d'agriculture de l'Aude

Date de début

Octobre 2022

Encadrants

  • Laurent HAZARD (UMR AGIR, INRAE Toulouse)
  • Hélène BRIVES (LER, ISARA-Lyon)

Résumé

Cette thèse traite de la capitalisation d’expériences d’agriculteurs au sein des organisations du développement et de l’accompagnement agricole en France. À partir des années 2010, les Chambres d'agriculture sont chargées par l'État de coordonner la capitalisation d’expériences issues de collectifs d’agriculteurs. Le projet affiché de la capitalisation est d’accélérer la « massification » des pratiques agro-écologiques à partir d’innovations produites par les agriculteurs. En d'autres termes, l'objectif est d'inciter autant d'exploitations agricoles que possible à adopter des pratiques agro-écologiques ayant fait leurs preuves en conditions réelles de production. Se pose alors pour les professionnels de l’accompagnement agricole un double problème : (1) celui de générer des connaissances à partir des expériences d’agriculteurs qu’ils accompagnent et (2) celui de pouvoir accéder à ces « pratiques éprouvées », de se les approprier, et enfin de parvenir à les adapter pour les faire fonctionner dans d’autres contextes de production. 

S’appuyer sur les pratiques d’agriculteurs pour en accompagner d’autres implique ainsi des tâches complexes en matière d’examen de ces pratiques. De nouveaux dispositifs visant à outiller les conseillers émergent pour faire face à cette difficulté de savoir ce qui fait qu’une pratique est efficace. C’est dans ce contexte que se déploie de nouveaux services d’innovation au sein des Chambres d’agriculture et que je suis embauché pour faciliter la capitalisation d’expériences. L’exercice de capitalisation n’allant pas de soi, l’objectif opérationnel de la thèse est de lever les incertitudes liées à cette activité. La thèse vise à comprendre comment les expériences individuelles d’agriculteurs sont mobilisées puis partagées au-delà de leurs contextes d’origine, et en quoi cela aide (ou entrave) l’accompagnement à la transition agro-écologique. 
La thèse repose sur une enquête faisant la part belle aux méthodes ethnographiques. Dans la première phase, nous examinons l'activité de capitalisation à partir de trois points de vue : celui des promoteurs de la capitalisation (décideurs, politiques), celui de ceux qui la mettent en œuvre (chargés d’appui, conseillers), et celui de mon vécu en tant que professionnel soutenant localement cette activité auprès de conseillers de Chambre d’agriculture. Nous cherchons à rendre compte des perceptions et des difficultés liées à cette activité. Dans la deuxième phase, nous souhaitons décrire les procédés par lesquels se construisent les connaissances expérientielles autour d’innovations données (nouvelles cultures fourragères, couverts végétaux en vignes, agriculture de conservation des sols, complémentarités cultures-élevage). Enfin, la troisième et dernière phase de l’enquête consiste en l’adoption d’une posture interventionniste pour tester et élaborer de nouveaux formats et outils de capitalisation. Il conviendra au terme de la thèse de discuter les apports de la capitalisation pour soutenir les conseillers dans l’accompagnement des transitions mais aussi d’analyser en quoi la thèse a permis de lever certaines des indéterminations que les chargés d’appui à la capitalisation peuvent éprouver au quotidien. 

Mots clés : connaissance, conseil, épistémologie, innovation ouverte, savoirs locaux, travail épistémique

Contact

Courriel : nicolas.giraud (at) aude.chambagri.fr